Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)
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Résultat de la recherche de THOMAS MAILLET, Prov. Alain H.
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- | Il n'est si sage qui, avec toutes ses prières, peut interdire à un chien d'aboyer : Si sage n'est qui pour pryer Deffend le chien a abayer ; Ossi ne scet sage docteur Clore le bouche de bourdeur. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 60]). |
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- | Qui en amour s'abusera, ja bon en armes ne sera : Les joez par pluie et froideur Decrievent ["se rident"] et perdent couleur, Et l'ardeur du soleil qui luist La tenre joe brule et cuist. Qui en amour submet s'estude, Le boucqueler moult li est rude, Qui en amour s'abusera, ja bon en armez ne sera. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 79]). |
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. | De tout ce que l'homme a pû acquérir à peine obtient-il huit pieds de terre : En tous delis que ce monde a Cesar en tous temps habonda ; Enfin de quanqu'il pot acquerre A paine obtint huit piés de terre. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 61]). |
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. | Il ne faut pas un jour pas même un demi pour perdre un bon ami : Il ne fault pas jour ne demy A perdre un bon leam ami, Tost est perdu qui n'y prent garde Ou se son franc coer ne le garde. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 71]). |
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- | Amour mondaine (...) tantôt hait ce qu'aimer soloit ("avait l'habitude de") : Le soleil, quant esconser va, Retourne ou point dont se leva, Le firmament la le remaine Par son mouvement et demaine ; Amour mondain' esconse et lieve, Refroide, escauffe en heure brieve, Tost se mue, croit et descroit, Tantost het ce qu' amer soloit. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 62]). |
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- | L'âne cuideroit estre lion si on lui donnoit peau de lion : L'ane estre lÿon quideroit Qui piau de lÿon lui donroit, Se s'en orguilleroit forment Et le renart pareillement ; La cotte du lÿon jus mette Et voie qu'il est rude beste, A labeur et paine propice, Au command son maistre obeisse. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 80]). |
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- | Arbres qui ont racines profondes résistent mieux au vent et à la tempête : Se l'arbre haulte et moult ramee N'est ferme en terre enrachinee, De legier reverse et souvent Quant le sousprent forche de vent. Mais arbrez qui rachinez ont En terrez fermez et parfont, De ressiter trop mieulx sont prestez As vens divers et as tempestez ; L'omme ramu ["couvert"] de grant renon, De grant fame et de vertus non, Quant vaine gloire en lui s'esbat, Tantost le reverse et abat. Le fol qui peu ou nient n'enconte ["accorde"] A bonnez vertuz c'on raconte Et as folz delis est submis, A Dieu n'a homme n'est amis. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 74]). |
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Rien ne peut assuffire le coeur ni la panse du glout ou de l'avare : Cuer qui de soif bruit et qui art Yauwe restaint a paine et tart ; De glout, d'aver quelque habondance Ne puelt assouffir coer ne panche. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 59]). |
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Aufins souvent sont inutiles aux échecs et les fous dans les villes : Tersitez, foible de vertu, Et de bourder moult avestu, Des Grigois ac[r]oïst le nombre, Non mie la forche d'encombre ; Aulxfins souvent sont inutilez As eschés et les folz es vilez, Entre les oisiaux la chuette, Et entre es ["abeilles"] la noire mouchette. Ciffre n'a valeur ne pöoir, Mais les figurez fait valoir ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 70]). |
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- | Des biens de l'avare c'est autrui qui largement vivra : Son viaulre ["toison"] assamble pour aultruy La brebisette, non pour luy ; Des biens que l'aver avera Aultruy largement vivera. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 56]). |
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- | Celui qui peu ou néant voit ne doit mener les aveugles : Celuy qui peu ou nient ne voit Les aveuglez mener ne doibt, Car se le meneur chiet en trappe, Le menet ossi n'en escappe. Touttefois le fol negligent Volroit mener le diligent, Begaune son maistre reprendre, L'ignorant les sagez aprendre. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 78]). |
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- | [Sentnce] Malitement ("pour son malheur") est forcené l'aveugle qui, mené sur une hauteur, dépite ou blesse son meneur : Fol est et sa vie n'amire Malade qui occist son mire, là fault de maniere le terme Ou sens et raison sont enferme ; Malitement est foursenés Aveugle en lieu hautain menés, Qui par son orguel et fureur Despite ou bleche son meneur ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 72]). [V. aussi lusque] |
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- | Biens donnés à mauvais ne fructifieront jamais : Cesser doibt on pareillement De donner les biens folement As indignez et inutilez, Fols indigens et inabilez. Cil qui as dignez les biens donne Bien ahenne, semme et messonne ; Quelconquez biens donnez a mais Ne fructifïeront jamais. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 80]). |
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On peut bien percer un solide haubergeon d''un boujon : Ung moult fort et dur haubregon, Poelt on bien perchier d''un bougon ; De mocqueriez et d'injurez, Simplez, paisiblez creaturez. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 57]). |
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- | Il est fou celui qui dit des secrets à un bourdeur ("menteur, trompeur") : Il est moult fol et enfantievle Qui baulme fin met en un crievle ; Aussi est fol et plain d'erreur Qui grans secrés dist a bourdeur. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 55]). |
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- | [Dernière strophe des Proverbes Alain] Il faut aller, venir, travailler, quand en la bourse argent défaut : Prendés en gré et Pacïence Ma rude et petitte scïence. Moult de fois ay oÿ conter Que "besoing fait vielle troter" ; Aler, venir, travillier fault Quant en la bourse argent default. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 91]). |
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La brebisette assemble sa toison, non pour elle mais pour autrui : Son viaulre [sa toison] assamble pour aultruy La brebisette, non pour luy ; Des biens que l'aver avera Aultruy largement vivera. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 56]). |
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- | Si tu veux avoir la guerre contre toi-même accomplis la volonté de ta chair : Se contre toy voelz guerre avoir, Acompli ta char son voloir, Et s'a elle voels avoir paix, De paine et de june le paix. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 67]). |
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Qui Dieu et son proisme chérit, double amour et lumière en ist : Hesperus la plaisant estoile Sa clareté mie ne choile, Du soir la moustre premeraine Par clar[e]té double et humaine ; Qui Dieu et son proisme chierist, Double amour et lumiere en ist, De s'amour a Dieu une part, Et l'aultre a son proisme depart. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 65]). |
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- | [Sentence] Qui bien considere la gloire des cieux et les miseres d'ici bas, quiert les cieux, laisse la misere : Qui la gloire des chieulx lassus Et les miserez de ci jus, Tresbien regarde et considere, Quiert les chïeulx, lait la misere. A vicez et mondains excés De coer et de fait mette ces ["cesse"], fay bien, aime ton proisme et Dieu, En Paradis aras ton lieu. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 85]). |
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- | Celui qui a bien commencé a presque fait la moitié : Et pour ce dit Aristote Dimidium facti qui bene cepit habet celuy qui a bien commencé il a pres que la moitié de son fait. Puis doncques qu'il ne suffist pas auoir ce premier degré monte au second iusques a meditacion qui est aussy comme la maison de conseil la ou tu penseras et mediteras a part comme tu pourras acomplir ce que tu as apris estre a faire. ([CIB., p.1451, 178]). Qui bon veult estre et debonnaire Commenchier convient a bien faire. Qui bien commenche et de bon het, Il a le moitié de son fet, Ja cose faitte ne seroit Qui ja ne le commencheroit ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 82]). |
Rem. Hassell (latin) 255, D3 : Dimidium facti, qui coepit, habet (dans Gerson VII, 534, 892). |
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- | [Sentence] Compagnon fiable abandonne tout ce qu'il peut avoir : Tous fruis ne sont pas savourablez, Tous coers ne compaignons fïablez (...). Pas ne tieng fïable et discré Celi qui choile ["cèle"] secré, Et qui de ce que je n'ay point Ne me partist a mon bon point. Compaignon fïable et humain Tost abandonne, soir et main, Tout quanqu'il a ou puelt avoir, Son corps, ses biens ou son sçavoir. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 79]). |
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- | Moult peu profite convoiter plus que ce que Dieu envoie : Cascun vorroit bien vraiement Vivre delicïeusement, Mais qui point n'en a le pöoir, Prende en gré ce qu'il poelt avoir ; Moult peu pourfite convoitier Ne s'abuser au souhaidier Vivrez, vesturez et monnoie Oultre ce que Dieu lui envoie. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 68]). |
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- | En petit coeur loge souvent très grande convoitise : Grant piesnee [piechee ?] de toile a vendre Puelt un petit monchiau comprendre, S'elle est ploiié[e] de fachon, On le boute en petit lieuchon ; En petit coer souvent comprise Est bien tresgrande convoitise, Que terre, honneur, mondaine gloire On y voelt bouter plus encoire ; Qui nulle fois otant aroit, Coer convoiteux n'assouffiroit, mais tantost qui est trespassés A de huit piés terre assés. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 73]). |
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- | Celui qui l'habitude de coucher à terre ne craint pas de tomber : Cilz qui soelt a terre couchier N'a garde de choir ne blechier ; Il fait trop plus sceür sur terre Que les haulx lieus hanter et querre ; Par grossez pleuves et grans vens, Tonnoirez et esfoudremens, Perissent li haultain manoir Et les bas on voit remanoir ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 62]). |
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- | D'honneur, d'avoir, de bonne fame déchiet de léger homme et femme : Ung mont de nege grant et gros Par pluie a nient s'en va bien tos ; D'onneur, d'avoir, de bonne fame dechiet de legier homme et femme. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 59]). |
Rem. Cf. aussi Morawski 1889 : Qui dechiet mal li chiet. |
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Faux semblant et langage feint ont déserté ("fait du tort") maint homme : Par doulx sons et melodïeux Sont oisillons pris et decheux ; Fau samblant et langage faint Ont deserté homme tanmaint. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 60]). |
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- | [Sentence] Les enfants se combattent plus entre eux que les grands, parce qu'ils sont mal doctrinés : Le bouvel qui cornez n'ara Plus de hustin esmouvera Que le grant, fort, rude et robuste, Qui de grans cornez frape et hurte ; Plus tost se combatent enfans Par les ruez que les gens grans, Pour ce qu'il sont mal doctriné Et ont coer mal moriginé. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 66]). |
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- | Qui veut enfants bien doctriner doit leur donner tôt le bon pli : Se tu veulx la verge ploiier Aisievlement ou redrechier, Quant jone elle est, a bon loisir Ploiier le puels a ton plaisir ; Quant vielle est, grose, secque et dure, Adont le ploiier pas n'endure (...). Qui voelt enfans bien doctriner, Tempre leur doibt bon ploy donner, Quant en rudesse trop sejournent, Adiés a rudesse retournent. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 88]). |
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- | Vraie espérance tient le coeur en ferme ordonnance : Li ancre tient ferme et arreste Le nef a port contre tempeste ; Et oussi tient vraie esperance Corage en fermë ordonnanche. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 57]). |
Rem. Cf. aussi Morawski 647 : En esperance d'avoir mieulx vit li homs tant qu'il devient vieux, 715 : Esperance n'est pas savoir. |
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- | Certains vont aux études pour eux se faire voir et non pour savoir : Le boire et le mengier, ce me samble, Tiennent l'ame et le corps ensamble, Mais a l'esperit peu pourfite Viande ou la chair se delite. Cascun n'a mie pourfité Es lieus ou il a frequenté. As estudez eulx faire voir Vont les pluisse[u]rs, non pour sçavoir. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 77]). |
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. | Celui qui veut se garder des faux ne s'endorme jamais entr'eux : Qui là repaire ou est bataille, Mestier n'est qu'il dorme ou sommeille ; Cil qui se voelt garder des faulx Ne s'endorme jamais entre yaulx ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 69]). |
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- | Qui n'est aujourd'hui fiable en amour, fiable n'y sera nul jour : Ferme n'estoit mie la foy De legier rompue et de poy ; Qui fïableté laissera, Fermë en soy ja ne sera, Qui n'est huy fiable en amour, Fiable n'y sera nul jour ; Quant deux coers par amours unis Sont de divisïon divis, Combien qu'on refourme le pais, Ferme amour n'ay ara jamais ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 71]). |
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- | Qui désire la flamme éteindre, du feu doit les tisons restraindre : Qui desire la flamme estaindre Du feu doibt les tisons restraindre ; Et pour les carnelz mouvemens, Vins, wiseuse et esbatemens. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 57]). |
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- | Pour dire la verité le prédicateur ne doit flécher ("fléchir, se relâcher") : Tous oisiaulx ne sont point perdu Aprés lesquelz on a tendu ; Pour verité dire et preechier Ne doibt predicateur flechier. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 60]). |
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- | Ferme n'est pas la foi de léger et de peu rompue : Ferme n'estoit mie la foy De legier rompue et de poy ; Qui fïableté laissera, Fermë en soy ja ne sera, Qui n'est huy fiable en amour, Fiable n'y sera nul jour ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 71]). |
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- | [Trouble mental lié à l'âge] Folie vieilles gens dérègle : A enfant apartient et sot Atteler rat a carïot, Mes el n'affiert n'a viel n'a sage Telle nicheté par usage, Car enfant seroit doublement Et homme une fois seulement. De forche, de sens et de rieule Folie vieuwez gens desrieule. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 77]). |
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- | Moult de léger se fourvoie qui se boute en nouvelle voie : Moult de legier se fourvoie Qui se boute en nouvelle voie ; Cil qui nouvel compaignon sieut Souvent s'en dechoipt et s'en deult. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 55]). |
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- | On ne retire pas facilement le gaignon de grasse cuirie : De legier on ne retrait mie La waingnon de crasse cuirie ; Si retrait on le glout a paine Du platel, s'il n'a panche plaine. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 56]). |
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[Sentence] La galée ne peut légèrement courir ni traverser la mer, sinon par force de ramer : Legierement ne poelt galee, Combien qu'elle soit afustee, Courir ne traverser la mer Se non par force de rimer ["ramer"] ; Jamais ne sera bon coureur N'a couri n'aquerra honneur, S'espoir et le piet ne le fait, Ces deux li furniront le fait. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 67]). |
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- | [Sentence] Quand vaine gloire s'empare de l'homme couvert de renom, elle a vite fait de l'abattre et de le renverser : L'omme ramu ["couvert"] de grant renon, De grant fame et de vertus non, Quant vaine gloire en lui s'esbat, Tantost le reverse et abat. Le fol qui peu ou nient n'enconte ["accorde"] A bonnez vertuz c'on raconte Et as folz delis est submis, A Dieu n'a homme n'est amis. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 74]). |
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- | [Sentence] On retrait difficilement le glout du plateau, s'il n'a pas la panse pleine : De legier on ne retrait mie La waignon de crasse cuirie ; Si retrait on le glout a paine Du platel, s'i n'a panche plaine. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 56]). |
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[Sentence] Se autrui donne un bien à quelqu'un, celui-ci doit lui être guerredonné "rendu à égalité" : De ce que rechoipt au deduit La dame a son seigneur rent fruit ; Se d'aultruy t'est un bien donné, Estre lui doibt estre gueredonné. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 59]). |
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- | La chair, l'esprit, la mort, la vie ont guerre et mortelle envie : Il y a guerre coustumiere Entre tenebrez et lumiere, Entre la nuitie et journee, Et serenité et nuee ; Si ont guerre et mortel envie La char, l'esprit, la mort, la vie. Se la char vaint, l'esprit perist, Se la mort vaint, la vie occist. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 61]). |
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- | [Sentence] Plus hardi est le mauvais homme entre ses pareils qu'il n'est entre les estrangers : Mastin estant sur son fumier Est moult hardy, crueulx et fier, Quant ses voisins chiens il poelt voir Desquelz il puelt secours avoir ; Plus hardis est li mauvais homs Entre ses paraulx compaignons Qu'il n'est entre les estrangiers, Là de souffrir est usagiers. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 71]). |
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- | [Sentence] Par gros temps périssent les hautains manoirs et les bas on voit remanoir : Cilz qui soelt a terre couchier N'a garde de choir ne blechier ; Il fait trop plus sceür sur terre Que les haulx lieus hanter et querre ; Par grossez pleuves et grans vens, Tonnoirez et esfoudremens [ms. essourdiemens ; leçon rejetée à tort ?] Perissent li haultain manoir Et les bas on voit remanoir. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 62]). |
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- | D'hôtel richement tenu à l'hôte en est l'honneur dû : D'ostel richement maintenu A l'oste en est l'onnour deü ; Se l'oste est mechant ou infame, L'ostel, l'oste et l'ostesse on blasme. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 60]). |
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- | Rien n'est plus âpre et plus desré que l'humble quand monte en degré : Ce seroit pour faire risee Se la soris estoit osee, Si que se fesist couronner Pour sur le bestail dominer ; Ainssi est il du serf meschant, Quant il se voit riche et puissant, De bouche et de main est moult felle, Et contre tout cascun rebelle ; Riens n'est plus asore et plus desré Que l'umble quant monte en degré, Comme il appert par la devise De la singesse en hault assise. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 72]). |
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- | Quand ire vainc homme paisible à rapaisier n'est pas aisible : La mer coië estre ne puelt Quant rigueur de vent le fourmoet ; Quant yre vaint homme paisievle, A rapaisier n'est point aisievle. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 59]). |
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- | Qui laboure en terre brehaigne ne gagne pas à charruer avec effort : Qui labeure en terre brehaigne A queruer forment ne gaigne ; Qui sieut meschant et lourde estude Adés est ane lourt et rude. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 55]). |
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- | Folle largesse et avarice ne sont à gens d'honneur propices : ...L'un tout deveure et boute en panche, L'autre en terre enfoet sa substanche. Folle largesse et avarice Ne sont a gens d'onneur propice. Qui lassus voelt es chieulx monter Ces deux vicez doibr eviter. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 84]). |
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Qui une fois lusque ("aveugle, borgne") sera, Tout son vivant tel demeurera : Malitement est foursenés Aveugle en lieu hautain menés, Qui par son orguel et fureur Despite ou bleche son meneur ; Le cachiveux garist on bien, Au lusque, au borgne n'aide rien, Qui une fois lusque sera, Tout son vivant tel demorra. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 72]). |
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- | Celui qui repaire avec les mais ("mauvais") finit par leur ressembler : Grain en paille et pourre gisans Semblent ors, vieux et mal duisans ; Cil qui repaire avoec les mais Pareil a eulx samble et si fais. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 57]). |
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- | [Sentence] Marâtre rebelle interdit au père de faire du bien à son fils : La nuee au soleil tant nuist Que sur terre a le fois ne luist ; Marastre rebelle et contraire Deffend le pere au fil bien faire. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 60]). |
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[Sentence] Le soleit reluit es masures par les fenêtres et les crevures : Par les fenestrez et crevurez Le soleil reluist es masurez ; Si font soubtilz enseignemens par l'oÿe et entendemens. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 58]). |
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- | [Sentence] Le mâtin tolt la brebis des dents du loup, non pour la sauver mais pour la manger : Le mastin fellez et hardiz Des dens du leu tolt le brebis, Non mie pour sauve baiier, Ains pour l'engloutir et mengier. Qu'en chault le brebis prendre fin Des dens du leu ou du mastin ? ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 77]). |
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- | [Sentence] Le mauvais verroit volontiers que chacun suive la voie des mauvais : Cil qui de nuit randir ne cesse, Ses piés ne plaint mie qu'il blesse, Ains se courrouche moult et dieult Que tout le monde ne l'ensieut. Li mauvais verroit volentiers Que cascun alast les sentiers De cheulx qui oncquez bien n'aprirent, Qui bien ne penserent ne firent. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 78]). |
Rem. Morawski 1928 : Qui est mauvais il cuide que chascun le resemble. |
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- | Un mauvais garçon trait les autres à mauvaises façons : Par usanche un mauvais garchons Aultrez trait a malles fachons, Par ce li bons mauvais devient, Dont mal finer il le couvient. Le piet est biaucop plus abile De sieuwir plaisance inutile - Combien qu'il y ait paine grande - Qu'a sieuwir ce que Dieu commande. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 86]). |
Rem. Cf. aussi Morawski 1213 : Mauvés hom est a tuer |
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- | [Sentence] De la mer amère à foison on tire souvent nombreux poissons doux : De la mer amere a foison Tiron souvent moult douch poisson ; Mais nulement parolle bonne Ne tiron de male personne. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 58]). |
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- | [Sentence] Il ne merite nul honneur le mire qui guerit de nombreuses plaies et en néglige une qui fait mourir le patient : Quelques vicez au coer aiez, Quant nouvel sont, hors les traiez, Ne grant ne petit n'en deporte, Car un seul vice la mort porte. Quel honneur puelt mire acquerir A soissante plaiez garir, Et l'une a noncaloir en lait ["laisse"] Qui le pacïent a mort trait ? ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 74]). |
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[Sentence] Pour que le mur dure bien, il convient de le mesurer au muel à plomb ("fil à plomb") : De müel a plonc mesurer Couvient le mur pour bien durer, Se justement le mur ne siet, Et mur et edifice chiet. Se ferme ossi n'a fondement, Comment seiroit il fermement ? Se le mur cloche ou cline, Le comble et muraille decline ; Pareillement qui voelt pretendre Aquerir scïence et aprendre Pour soy abiliter es ars, Moult bien doibt aprendre les pars. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 89]). |
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- | Nature fait vieilles gens d'enfants et enfants vieilles gens deviennent : Le boef ne fu c'unne fois viel, Le mastin c'unne fois kaiiel, Pour quoy est l'omme enfan- deux fois ? Telle coustume n'est pas drois. Par jours, sepmainez, mois et ans Fait nature gens vieulx d'enfans Et vieuwez gens enfans deviennent Par les folies qu'ilz maintienent. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 77]). |
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- | Il ne faut pas croire que ce qui a d'or semblance soit de l'or : En tout ce qui d'or a samblanche Que fin or soit n'aiez fïanche, Et soiez ossi tout certain Que tout biau fruit n'est mie sain ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 68]). |
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L'ortie voisine de la rose pique la rose douce et humaine : L'ortie a la rose prochaine Point la rose doulche et humaine ; L'omme fel et de put'affaire Tourble et point l'umble et debonnaire. ([THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 57]). |
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